dimanche 2 mai 2010

La peur

Tu étais là pour moi.
Ce n’est pas que j’étais seule, mais tu avais pensé à moi, tu m’avais écrit, invité, et ouvert la porte. Et moi, j’avais soigneusement préparé mon retard pour ne pas que tu crois que je pensais aussi à toi. Mais j’avais pensé à toi ; je t’avais trouvé un cadeau qui te correspondait, je m’étais achetée une jolie robe, et je nous avais apporté à manger.
Je ne peux pas penser à toi sans avoir peur, alors je l’avais apportée aussi, elle était là au fond de mes yeux. Je ne t’ai pas regardé une seule fois à cette soirée ; Si, peut-être une fois, une fois seulement, et à ce moment là, tu me regardais aussi. Mais ça, je ne sais pas faire ; je ne sais pas regarder quelqu’un comme il le voudrait. J’ai vu que tu me désirais, et c’est cette peur là qui m’a fait baisser les yeux.
Peut-être conscient de cette peur, tu avais cherché à me rassurer avec tous tes amis, tous ces jeux, et toute cette joie de groupe. Tu t’étais posé en garde-fou au cas où ma timidité s’effaroucherait devant tant de compagnies joyeuses. Ma chaise était à côté de la tienne, et tu te tenais à la disposition de tout isolement. Mais je suis une fille bruyante, qui adore plus que tout le monde, et sa nouveauté, et sa diversité. Tous ces rires, cette légèreté, et cette bonhomie m’ont plu. Je t’ai laissé me regarder assis sur ta chaise pendant que je partais à la découverte de tous ces autres qui étaient tes amis. Puisqu’ils me considéraient comme ton amie, ils ont aussi cherché à gagner mon affection toute prête. Tu m’as découvert gaie, spontanée, et amicale, mais pour toi, je n’avais gardé nulle intimité. Je n’en ai pas pour les autres ; cette intimité, je la préserve lorsque je suis là, à penser à toi, loin de tout soupçon.
Quand j’ai voulu suivre une de tes amie jusqu’à chez elle, tu as proposé que nous allions tous l’accompagner. Et lorsqu’elle nous a invité chez elle, tu as accepté pour me faire plaisir. Au bout d’une heure, las, tu m’as demandé si je voulais qu'on rentre, et j’ai du me résoudre à reconnaître tes efforts et accepter.
Le groupe s’est démantelé, et à la fin, nous n’étions que trois à rester dormir chez toi. J’ai découvert ta chambre. Et j’ai compris que je ne trouverais peut-être jamais plus de garçon avec qui je partagerais autant d’amour pour les mêmes livres, les mêmes musiques, et les mêmes peintures. Mais la peur en moi s’est renforcée devant tant de ressemblances ; c’est que tu étais fait pour moi.

Heureusement, les premiers RER étaient déjà là, mais tu m’as quand même proposé, puis insisté pour que je reste dormir chez toi. Tu me laissais ton lit. Je suis quand même partie avec les autres. Une heure plus tard, je t’envoyais des textos pour te remercier de cette soirée. J’essayais d’y insérer toute la chaleur qu’il y aurait du y avoir entre nous. Mais tu ne m’as pas répondu.

Depuis, tu ne m’as jamais plus réinvitée, et moi, je continue de penser à toi dans l’intimité de ce texte. Dans ces lignes, il y a cette part de regret persistante qui a le goût de toi, et tous ces mots qui ne pourront jamais dire à quel point je t’aime.

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