dimanche 30 octobre 2011

Un soir de ciné


Fin février 2011. Je t’avais salué d’un signe de main avant de sortir du wagon dans lequel tu étais resté. Nous venions d’assister ensemble à la projection du film « le discours d’un roi ». Tu manœuvrais mes émotions et j’étais amoureuse de ce jeu, lorsque tu t’offrais et te dérobais, lorsque tu te refusais et me laissais pantelante et à ta merci. Je me dirigeais vers la ligne 14, parce que je ne pouvais pas rester avec toi, nous habitions trop loin. Je recherchais auprès de ma mémoire un réconfort dans le souvenir de mes amis, car c’était bien un ami qui avait pu aider le roi du film à se sauver lui-même - je me rappelais confusément que je pouvais toujours m’en sortir. Cette fois là, je crois que je n’ai pas trouvé de consolation ; tu étais celui que j’avais aimé et, je ne comprenais pas pourquoi, celui qui avais refusé mon offrande. Quel amour ancien aurait pu me rassurer sur ma féminité et ma possibilité d’être aimée ? Je me rappelle encore de cette longue attente entre deux passages de métro, de l’arrivée indifférente de l’engin, et de l’éclairage blafard jeté sur les sièges bleus à l’intérieur du wagon. Je m’étais assise sur l'un de ces sièges et j’avais attendu le prochain arrêt. Je m’étais levée, et j’avais de nouveau attendu le prochain métro. Je ne regardais pas l’heure, et ces attentes se succédaient, et je n’avais qu’à marcher, m’asseoir, me lever, et repartir. Et je pensais à toi pendant toutes ces répétitions, je pensais que tu avais passé un bon moment avec ce film, et que tu avais déjà oublié mon malaise, ce long malaise sans intermittence –marcher, m’asseoir, me lever, et repartir-, toujours les mêmes gestes pour retourner chez soi, et rejoindre la nuit, et composer le code de l’immeuble, et monter les escaliers, ouvrir la porte, se préparer à dormir. Un petit tour sur facebook, juste un tour pour se rappeler de la présence constante de ses amis et se sentir moins seul. Et quelques heures plus tard, nouvelle semaine, nouveaux espoirs ; et quelques jours plus tard, nouveau week-end, nouveau film, et même souffrance pour toi.

samedi 29 octobre 2011

L'été

Août 2011. Je me revois encore à l’abri du soleil et faisant face aux routes figées de la télé de l’autoécole. J’imaginais alors les routes que tu parcourais avec tes copines, les cheveux pleins de gel, et les rires en cascade qui s'embrouillaient dans la musique de la radio. Tandis que les quarante questions se résolvaient d’elles-mêmes, j’entrevoyais vos nombreux sauts dans les villes du soleil. Une bière dans une main et une fille dans l’autre, tu savourais la vie sans moi, et moi à la fin de la séance, je rentrais sans conviction de ma journée vide et absurde. Ce sont ces jours non mémorables qui me restent depuis que tu es revenu à Paris. Ce sont ces jours vagues et tristes qui me convainquent que notre histoire ne méritait pas tant d’espoirs et de peines. Le soleil est parti, mais te revoilà de l’autre côté du téléphone, à me raconter l’amour et la passion, le tennis et le soleil, ton bonheur, avec juste un peu de moi, une petite pensée qui susurrait mon absence. C’est le pathétisme de cette pensée qui m’assure que toute cette histoire me fait moins vivre que l’intelligence de mes cours de droit et la profondeur de mes livres. Cette misérable pensée pour moi qui n’est rien à côté de la conviction nouvellement acquise qu’aimer et écrire dans son coin n’ont servi à rien.